lundi 3 août 2009

Les courgettes


Elles ont quarante cinq centimètres de long et un diamètre de plus de dix centimètres. En quinze jours, elles sont passé d’inexistantes à énormes. La littérature dit qu’il faut les cueillir quand elles ont moins de vint centimètres. J’en cueille une pour midi, avec les tomates cœur de bœuf, le poivron rouge et l’oignon, nous allons tenter un wok.
Jeudi, à Paris, nous sommes allés à ce curieux restaurant, le WOK192. Poireaux, poivrons, courgettes, oignons, sont coupés en petits morceaux, comme poissons et viandes. Il suffit de mettre ce que l’on veut dans une assiette et de l’apporter au cuisinier. Il plonge le contenu de votre assiette dans l’eau bouillante, quelques minutes. Vous choisissez votre sauce, aigre douce, curry, poivre et autres. Entre poêle et marmite, le wok a un fond rond qui ne tient pas sur une plaque. Un trou rond adapté permet de bien caler le wok. Sous la plaque, des flammes immenses qui semblent sortir de l’enfer. Quand le cuisinier retire le wok, il s’éloigne instinctivement alors que la flamme de 30 cm sort par le trou. Il met la sauce choisie, retire les légumes de l’eau et les met dans le wok. Crépitements, flammes, tout va très vite et revient dans l’assiette. Il semble que ce soit la meilleure cuisine où les aliments sont cuits sans toutefois que leurs principes actifs soient altérés. Vitamines et anti oxydants vont pouvoir agir sur la santé.

Je plonge les légumes coupés en morceaux, dans l’eau bouillante pendant 7 minutes, puis dans un wok pour cuisine européenne, c'est-à-dire à fond plat, un peu d’huile et la sauce à base de soja que Fong m’a donné. La plaque à induction est au maximum. Crépitements brefs vite arrêtés par l’eau des légumes. Je rajoute la viande quand l’eau a été réduite. Il faut bien compter 7 minutes. C’est beaucoup plus long qu’au restaurant et les légumes sont plus cuits et croquent moins sous la dent, mais le plat est quand même excellent. Il faudra travailler le sujet.
Retour au potager l’après midi. Il y a une belle courgette de Nice et une autre en formation. Quelques tuiles sous les potimarrons, la courge muscade et la butternut, les protégeront. Je coupe les tiges à deux feuilles après le fruit. Certains potimarrons sont déjà bien gros. Nous nous régalerons cet hiver de soupes, purées et frites.
Il est temps d’arracher les pommes de terre. Je commence par les plants de Charlottes. Elles sont de belles tailles mais malheureusement ont du vert. Le vert est produit quand elles prennent le
soleil et cette partie est très toxique. Heureusement, elles sont si grosses qu’elles restent mangeables.
L’arrachage les pieds provenant des plants de pommes de terre de l’an dernier apporte beaucoup de satisfaction. Pas de vert et une excellente production. J’en ramasse rapidement quelques 25 kilos. On ne sait pas ce que c’est. Chantal pense que ce sont des Amandines. Elle a peut être raison car elles en ont la forme.

Les tomates sont en vrac. Les pieds superbes et productifs n’ont pas pu s’accrocher aux tuteurs. M. Faure m’a dit qu’un ingénieur agronome de sa connaissance lui a dit qu’il fallait laisser courir les tomates sur le sol. Là, elles doivent être heureuses. Elles courent. L’an prochain, j’utiliserai des tuteurs en forme de tire bouchon. Je n’y touche pas de peur de casser les tiges. Les tomates cœur de bœuf prennent le soleil doucement. Le week end prochain, elles auront muri.
Les salades ont monté et sont en fleurs. Il faudra récupérer les graines. Celles repiquées de Paris sont envahies par les herbes. Il n’y avait pas assez de paillage.
M. Faure m’explique qu’il était sceptique pour le paillage, mais trouve finalement que la méthode est bonne. Les magnifiques céleris raves, bien protégés des mauvaises herbes l’ont convaincu. L’an prochain, il utilisera aussi ses tontes de gazon et paillera plus.

Deux taons s’accouplent sur le tronc du prunier qui n’aura pas de fruits cette année encore.

Je repique les boutures faites à partir des tailles de la haie de Courseulles.
La treille est superbe et le raisin devrait être beau.

L’Auberge du Drac

Henry Pourrat a voulu et a réussi à préserver les contes du Livradois. Ils se transmettaient oralement et avec l’abandon du patois, ils allaient disparaître. Pourrat a parcouru la montagne, écouté les gens d’ici, puis retranscrit les contes et sauvegardé ce patrimoine ancestral.
Le Drac, c’est le diable qui prend la forme du loup ou plus précisément de la bête du Gévaudan, les yeux injectés de sang, immense debout sur ses pattes arrières, les pattes avant toutes griffes dehors, les babines relevées sur des canines acérées, la gueule crachant une langue ou du feu, il est difficile de le savoir.
Le Drac, c’est aussi ce comte sanguinaire qui habitait ce château perdu dans les bois proches de Ste Catherine du Fraisse. Une certitude, la terreur règne aux alentours. L’histoire reste confuse, mais le comte part en pèlerinage pour expier ses crimes et revient si transformé que personne ne le reconnaît. Il fait construire une Chapelle qui sera l’origine du village de la Chapelle sur Usson, puis part à la rencontre de son fils devenu encore plus cruel que lui. Il lui demande l’aumône et pour toute réponse, le fils lâche ses loups sur son père. Il est dévoré. De retour au village, le fils apprend qu’il vient de tuer son père et part lui-même en pèlerinage.
L’Auberge du Drac est au lieu dit Coupe Gorge. Votre Belle a la chair de poule et se demande si tout ça est bien raisonnable. Mais vous voilà attiré irrésistiblement et vous avez raison. Le paysage est d’une rare beauté sauvage. Que vous veniez de Bansat ou du Vernet la Varenne, la route semble vous amener au bout du monde. Nous sommes proches de Riol, à côté de St Martin des Ollières, où vivait vers 1590 la marraine d’une de mes ancêtres.
Lorsque j’ai appelé, le patron m’a indiqué que la route de Bansat était coupée. Nous passons donc par le Vernet la Varenne.
L’Auberge est là, au bord de la route, avec un parking. Il faut avoir réservé pour être sûr d’avoir une table. L’accueil téléphonique est des plus agréable.
J’avais demandé une table en terrasse, mais le temps est très menaçant et la serveuse nous déconseille vivement, mais si nous y tenons vraiment… Non, nous allons rester en salle, le ciel étant maintenant noir.
Nous aimons venir dans ce restaurant où les gens aiment leur métier. L’originalité repose sur l’utilisation d’hydrolat, d’huiles essentiels, de simples et de fleurs.
La salle avec ses grandes baies vitrées donne sur un paysage du Livradois qui s’étend très loin avec au premier plan le village de la Chapelle sur Usson. L’été, par un temps sans orage, vous pouvez vous installer sur la terrasse.
Souvent, à l’apéritif, une crème fouettée au paprika. Aujourd’hui, juste des olives. La carte est riche et un des menus se décline en 2 ou trois plats. En entrée ce soir, Chantal prend une salade d’écrevisses et lotte marinée avec une fleur de bourrache, et moi une tarte aux escargots sur des légumes provençaux avec son pesto d’œuf de lump et une fleur de souci. Les escargots sont des gros de Bourgogne. Ils sont excellents. La serveuse m’explique que souvent, ici, les gens préfèrent des petits gris, mais les Bourgognes, quand on sait les préparer, sont meilleurs. Il ne faut surtout pas les faire bouillir ! J’aime les petits gris qu’Antoine Chenard élève et prépare tout près d’ici. En particulier, ceux confits dans la graisse d’oie, mais ces Bourgognes étaient délicieux.

Chantal continue avec un filet mignon de porc en croûte d’herbes avec sa sauce à la menthe, sa fondue de poireaux et une pomme de terre en robe des champs et moi un carré d’agneau. Nos deux plats sont accompagnés d’une fleur d’Aristoche.
La nuit est tombée et les éclairs déchirent le ciel, suivis par le tonnerre des orages de montagne. Sur le GSM, un message de Jean-Luc qui est sur la route pour Pézenas. Impossible de le
rappeler tout de suite, il n’y a qu’un signal épisodique.

Le plateau de fromage est posé sur la table. Nous nous régalons du Pavin que nous ne connaissions pas.

Les desserts ! Chantal a renoncé à la grande assiette pour cause de régime, et a choisi les glaces maisons, au litsee, géranium et ylang ylang et moi, également pour cause de régime, je prends des framboises en gelée de muscat, crème fouettée à la mangue et glace vanille.

Le rythme est bon, il n’y a pas d’attente inutile, l’ambiance détendue, les plats excellents, les serveuses connaissent les simples, les fleurs et les recettes et le prix raisonnable. Venez-y sans crainte. Si vous venez un midi, vous êtes tout près de St Hilaire où se trouve la distillerie d’huiles essentielles.

Nous repartons sous l’orage, je décide de prendre une petite route qui passe par la Bessière et permet d’éviter de passer par le Vernet la Varenne. C’est en effet, un bon raccourci, mais il ne faut pas avoir à croiser un autre véhicule, car la route est étroite et sans réelle possibilité de se garer.

Je rappelle Jean-Luc qui est au niveau de l’aire des volcans. Il arrivera vers 23h30. Nous sommes contents de le revoir.